Obligation quotidienne, chronophage qui plus est, la cuisine a parfois tendance à se retrouver dans la catégorie des corvées dont on se passerait bien.
Dommage, car en changeant un peu d’approche, cette activité peut se révéler être une véritable source de joie !
En effet, cuisiner, ce n’est pas uniquement assembler des aliments en vue d’assurer sa subsistance. Cela peut aussi être un moment de détente : en se concentrant sur des actions concrètes, on oublie un instant ses soucis, on arrête de ressasser ses pensées. Et puis, manger compte parmi les choses qui procurent du plaisir ; cuisiner, c’est donc préparer quelque chose pour se faire plaisir et/ou faire plaisir aux autres !
Malgré tout, la cuisine est parfois présentée comme une discipline rigoureuse (recettes à suivre à la lettre), et même parfois élitiste (grands chefs). Tout cela peut paraitre contraignant, voire stressant ou même déprimant si on n’y arrive pas, ou pas à la perfection.
C’est pourquoi j’aimerais vous inviter à porter un autre regard sur la cuisine, un regard beaucoup plus créatif. Car expérimenter, innover, improviser, c’est aussi possible aussi dans la cuisine ! Et ô combien bénéfique !
Les bienfaits d’une cuisine créative

1) Cuisiner permet de se retrouver (soi-même)
Les gestes anodins de la cuisine (casser des œufs, mélanger la pâte, éplucher les légumes, …) sont autant d’occasions de nous reconnecter à nos sensations corporelles.
Nos cinq sens sont ainsi mis à contribution :
- Le goût bien évidemment, qui grâce à nos papilles gustatives, permet de différencier les saveurs des aliments que l’on cuisine ;
- L’odorat, qui donne également beaucoup d’informations sur le caractère agréable ou désagréable des aliments : hmm, le parfum du chocolat ! et le beurre qui fond, et l’échalote qu’on fait revenir ! Beurk, l’odeur du camembert ! Chacun, selon sa mémoire olfactive, aura des préférences bien marquées, différentes de celle du voisin ;
- Le toucher, qui nous permet d’apprécier la douceur de la peau de pêche, le rugueux des coquilles de noix, le visqueux de l’œuf, le collant du miel… ;
- La vue, très importante pour stimuler l’appétit et le désir : alternance, mélange de couleurs (comme pour une salade de fruits ou une ratatouille), présentation et/ou décoration dans le plat ou dans l’assiette… ;
- L’ouïe aussi pourra être stimulé, bien qu’étant le sens le plus éloigné du goût : les légumes qui cuisent dans la sauteuse, le maïs qui éclate, la carotte de l’on croque… sont autant de bruits qui contribuent à stimuler l’appétit.

Utiliser ainsi ses cinq sens est forcément une expérience riche et nourrissante (c’est le cas de le dire !), et rare sont les activités qui nous permettent de tous les mobiliser !
Par le biais de la cuisine, on revient dans son corps, on se retrouve. A l’heure du virtuel permanent, ça fait du bien !
A la manière d’une séance de méditation de pleine conscience,
je vous invite à prendre le temps d’écouter tous vos sens lorsque vous cuisinez,
de façon à vous recentrer sur vous-mêmes et sur vos sensations.
Détente et plaisir garantis !
Quand je cuisine avec mes enfants, j’aime les laisser expérimenter les couleurs, les saveurs, les textures. Avant d’éplucher les légumes, on les touche, on les observe. On hume les épices, on goûte la pâte crue ou des morceaux de fruits…
Cela enrichit leur connaissance du monde, mais aussi leur palette de sensations.
Ah, tiens, tel aliment a un petit goût acide mais pas désagréable, ça me fait penser à tel autre.
Ah, l’odeur est forte mais le goût est doux.
Ça alors, c’est vert à l’extérieur mais rouge à l’intérieur !
Pour les adultes aussi, la cuisine peut être synonyme de surprises et de nouvelles sensations.
Par exemple, je trouve que la cuisine du monde est une source de découvertes extraordinaires. Il arrive que je me rende dans un magasin d’alimentation exotique pour acheter des produits que je ne connais pas, et c’est toujours exaltant de les essayer ensuite (des fois, bien sûr, c’est carrément raté, mais au moins j’ai expérimenté !)
En essayant de nouveaux aliments, de nouvelles combinaisons, de nouvelles recettes, on a ainsi l’occasion de retrouver sa curiosité et d’élargir sa sensibilité. En apprenant la cuisine, on apprend à se connaître !
2) Cuisiner permet de se révéler
En choisissant les saveurs et les couleurs que l’on va associer dans notre cuisine, c’est un peu de nous-mêmes que l’on met dans nos plats.

Car oui, la cuisine peut permettre d’en dire beaucoup sur nous !
Rassembler dans l’assiette des aliments que l’on aime, c’est une manière de faire parler ses émotions. Que ce soit le besoin de réconfort, l’envie d’exprimer son amour ou son attachement, la cuisine permet d’exprimer ce que les mots ne parviennent pas toujours à dire.
Par exemple, cuisiner une douceur ou le plat préféré d’un de nos proches, c’est une manière de lui dire « je t’aime, je suis là pour toi ».
Choisir de cuisiner de la comfort food (aliment réconfortant, aussi appelé aliment-doudou !), c’est exprimer qu’on est fatigué, ou triste, et qu’on a besoin de réconfort.
Cuisiner, c’est aussi l’occasion d’exprimer ses goûts (et pas seulement gustatifs, puisque, comme on l’a dit, les 5 sens sont mobilisés !).
En choisissant la cuisine créative, c’est-à-dire en se libérant du côté restrictif d’une recette figée, cette expression sera décuplée. La cuisine créative permet de faire travailler notre imagination, de sortir des schémas établis. Ainsi, par les choix d’aliments et de combinaisons que nous allons faire, c’est notre personnalité que nous pouvons révéler.
Si au départ, cela ne semble pas évident, au fil des recettes, cela deviendra plus prégnant. Car bien sûr, plus on fait quelque chose, plus on est doué pour le faire. Donc, plus on cuisine librement et plus on apprend à s’affirmer, à dévoiler nos choix créatifs et notre sensibilité propre. Je vous l’avais dit que les bénéfices de la cuisine dépassaient largement l’alimentaire !

Au fil des recettes, on va ainsi pouvoir travailler et affiner nos goûts culinaires. Par exemple, j’ai toujours apprécié la cuisine épicée, mais c’est en cuisinant que j’ai pu apprendre à reconnaitre les épices qui me plaisaient vraiment, à les doser et à les associer à mon goût. On devient plus précis, plus nuancé, plus éveillé aux détails et plus apte à exprimer nos goûts avec justesse. Encore une compétence qui dépasse largement les frontières de la cuisine.
Quelques pistes pour libérer sa créativité en cuisine
1) Se libérer de la pression du résultat pour revenir dans le plaisir de faire
Dans le monde d’Instagram qui nous inonde d’images de gâteaux parfaits, de plats magnifiques ou spectaculaires, difficile de ne pas focaliser sur le résultat lorsqu’on se met en cuisine. On voudrait faire absolument du beau, du délicieux, dès le premier essai, car on imagine que réussir à faire de la cuisine, c’est ce qu’on voit sur ces belles images.
Sauf que viser un résultat parfait, c’est le meilleur moyen de bloquer toute sa créativité ! La peur de rater, de gâcher le plat et peut-être le repas peut être carrément paralysante (perfectionnisme, quand tu nous tiens !). On a alors vite le sentiment de ne pas être à la hauteur.

Je suis nul-le en cuisine, affirment tout simplement certain-e-s. Un jugement sur soi-même qui révèle souvent la peur du jugement et du regard des autres. Certains se rassureront en suivant mot à mot une recette éprouvée ou délivrée par un « pro », sans oser s’autoriser la moindre originalité et sans toujours parvenir à un résultat qui leur paraitra satisfaisant.
Pour retrouver bonheur et créativité en cuisine, s’affranchir du résultat est donc un préalable indispensable. L’idée, c’est de regarder le chemin et non le but : c’est l’acte de cuisiner qui procure le plaisir et non le plat que l’on souhaite obtenir.
Si on arrête de viser le résultat parfait, alors seulement on peut s’autoriser à essayer (et on réalise souvent qu’on est capable de faire des choses, en fait !)
Pour s’affranchir du regard des autres, on peut d’abord cuisiner pour soi-même. Quand on se fait ses propres repas (ou ceux de proches qui ne nous jugeront pas), il y a quand même beaucoup moins de pression à obtenir un super résultat. Et le jour où, par exemple, on reçoit les beaux-parents, on garde une recette éprouvée histoire d’avoir l’esprit tranquille !!!
En général, ce sont les midis où je mange à la maison toute seule que je suis la plus créative : après tout, si ce que je fais n’est pas très réussi, quelle importance ? Personne ne le saura !!! En général, je suis tout de même assez contente du résultat, et puis surtout j’ai passé un super moment de cuisine expérimentale !
2) Prendre du recul sur sa culture culinaire :
On est tous emprunts d’une manière de cuisiner, héritée de notre famille, avec des règles plus ou moins strictes, des saveurs plus ou moins présentes… Et souvent, on reproduit ce qu’on connait sans chercher à aller voir plus loin.
Prendre du recul, c’est se questionner sur ce qui nous plait dans cette culture culinaire-là, et ce qui nous plait moins. C’est aussi s’autoriser à aller voir ailleurs, à franchir des limites qu’inconsciemment on ne s’est jamais autorisé à franchir.

Exemple : il y a des familles où le sucré-salé est considéré comme une hérésie ! Pour d’autres c’est le piquant qui est honni, ou au contraire omniprésent. Toute une palette de goûts qu’inconsciemment, on ne s’autorise pas à aller explorer quand on cuisine !
3) S’éloigner petit à petit des recettes
Les recettes constituent une aide précieuse pour apprendre à cuisiner ou pour essayer de nouveaux plats. Certaines sont géniales et d’autres nous plaisent moins, mais il est certain qu’elles ont une utilité. Loin de moi l’idée de les dénigrer, donc ! Je pense simplement qu’il ne faut pas les voir comme des textes sacrés qui ne seraient en aucun cas modifiables. Même celles transmises de génération en génération peuvent être adaptées au gré de nos envies et de nos possibilités.
Oui, parce que, des fois, il nous manque un ingrédient, ou bien il y en a un qu’on n’aime pas, ou un autre qu’on aimerait ajouter… C’est le moment d’improviser un peu, en remplaçant un ingrédient par un autre, en jouant sur les quantités, les goûts, les textures…
C’est au gré de ces menus changements que notre personnalité en cuisine pourra s’affirmer.
Au fil du temps, en prenant confiance et en développant une familiarité avec les ingrédients (ceux qui sont facilement interchangeables, ceux qu’on adore, ceux à manier avec précaution, ceux qui vont bien ensemble…), il est parfaitement possible de s’affranchir tout simplement des recettes et de faire avec ce qu’on a dans les placards, avec ce dont on a envie.
4) Soigner la présentation
Qui dit expérimentation ne dit pas forcément cacabouillasse ! La cuisine, ça peut aussi être beau, et laisser parler sa créativité peut aussi s’exprimer sur ce plan là ! Parce que quand c’est beau, ça donne davantage envie, ça rend plus fier, etc.
Donc, une fois la recette finie, on n’oublie pas de se laisser aller à une présentation sympa, à l’assiette ou dans un beau plat, décorée par exemple de quelques herbes, de sucre floral, etc. Encore un moyen d’exprimer sa créativité !

Et vous, aimez-vous cuisiner ?
Parvenez-vous à prendre des libertés dans vos recettes ?
Partagez-moi vos impressions sur la cuisine créative !
Image mise en avant : Photo by Alex Block on Unsplash
2 réflexions au sujet de « Cuisine joyeuse et créative »
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